Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Amante des matins

Amante des matins

 

Ce coin de terre attendait l'heure adamantine

Où mon coeur, revêtu de rosée, irait droit

Au devant des soleils dressés comme une coix,

De par ta grâce, ô Solitude qui t'inclines.

 

Le Sacre a commencé sous l'égide des feuilles,

Dans un frémissement continu, souterrain,

Comme si les printemps, que ma douleur étreint,

Se redonnaient jusqu'aux racines. Toi qui cueilles

 

Depuis l'éternité, le plus petit brin d'herbe,

Et la rose en rayons pour les offrir à Dieu,

Te doutais-tu que tu viendrais en surplis bleu

Sous l'arbre de Judée où s'incarna le Verbe?

 

Que miracle a rendu l'hirondelle et la source

A l'enfant millénaire en marche vers tes bras

Christ? Quel credo vers l'Homme, à l'heure où tu cloueras

Mes ailes! C'est alors que j'avivrai ma course,

 

Et tout comme aujourd'hui, balayant la lumière

De l'arbre, de l'oiseau, de l'ange au ras du sol,

Amante des matins, frère du rossignol,

Goutte à goutte mon sang étoilera la terre.

 

Le credo sur la montagne, 1934.

 



28/09/2012
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