Amante des matins
Amante des matins
Ce coin de terre attendait l'heure adamantine
Où mon coeur, revêtu de rosée, irait droit
Au devant des soleils dressés comme une coix,
De par ta grâce, ô Solitude qui t'inclines.
Le Sacre a commencé sous l'égide des feuilles,
Dans un frémissement continu, souterrain,
Comme si les printemps, que ma douleur étreint,
Se redonnaient jusqu'aux racines. Toi qui cueilles
Depuis l'éternité, le plus petit brin d'herbe,
Et la rose en rayons pour les offrir à Dieu,
Te doutais-tu que tu viendrais en surplis bleu
Sous l'arbre de Judée où s'incarna le Verbe?
Que miracle a rendu l'hirondelle et la source
A l'enfant millénaire en marche vers tes bras
Christ? Quel credo vers l'Homme, à l'heure où tu cloueras
Mes ailes! C'est alors que j'avivrai ma course,
Et tout comme aujourd'hui, balayant la lumière
De l'arbre, de l'oiseau, de l'ange au ras du sol,
Amante des matins, frère du rossignol,
Goutte à goutte mon sang étoilera la terre.
Le credo sur la montagne, 1934.
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