Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Apprentissage

Apprentissage

 

         J'ai commencé,

- Pardon, ô ciel qui te penchas -

         Par ramasser

Des épingles dans les crachats.

 

         C'est inouï,

J'arrivais à souffrir à peine.

         Front ébloui,

J'allais, retenant mon haleine,

 

         Pour que le jour,

En me prenant sur sa poitrine,

         Refît le tour

De mon enfance. Heure divine,

 

         Où balayant

La pourriture, usant ma force,

         Dieu et le vent

Firent craquer ta dure écorce,

 

          O Vérité.

Plus de sarrau: la blouse grise.

          Ah! qu'ai-je été,

Oui, qu'ai-je été, dont je me grise?

 

         Tous les bas-fonds,

Tous les sommets, toute la terre

         Est à moi. Je romps

Les digues. Douleur, ta lumière

 

         A transpercé

Mes os. Je baise les crachats

        De mon passé,

J'accepte tout pour le rachat

 

        Des êtres. Vois,

Mon emblême a creusé la porte:

        Vis, saigne et crois.

Je suis celle que l'on déporte

 

        Par tous les temps,

Mais qui retrouve, à chaque escale,

        Vos battements,

Soleils dont j'ai rempli ma cale.

 

Le credo sur la montagne, 1934.



25/09/2012
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