Ce ciel n'est donc pas mort
Ce ciel n'est donc pas mort
Ainsi te voilà tel que mon coeur t'a rêvé,
Avec ton manteau d'ombre et tes ailes en berne.
Ce ciel n'est donc pas mort. Quel ange a soulevé
Ton cercueil, et quel dieu m'interroge et te cerne!
Dors, n'es-tu pas semblable à ce vaste horizon?
Ton sépulcre, malgré sa carapace blanche,
Laisse filtrer l'azur, comme si la saison
S'allongeait sur ta tombe en étirant ses branches.
Il fallait que ta mort vînt souffleter mes jours,
Pour me dresser vers toi de toute ma misère.
Le silence et l'odeur d'un jardin sont bien lourds,
Mais ce printemps est pire et pire sa lumière,
Car je la sens qui bouge au fond de ton cercueil,
Avec les mots d'amour que ma lèvre remâche.
N'avoir jamais rien dit, être là sur le seuil,
Et crier en dedans pour que nul ne le sache.
Quel autre a plus que moi senti jusqu'aux genoux
Monter sa solitude? Ah! si rien ne subsiste,
Si tout ce qui respire et tout ce qui fut nous,
Doit pourrir quelque part; si ce ciel me résiste,
C'est que notre pensée a déjà rebondi
Vers le versant nacré qu'illumine l'absence.
T'aurais-je donc aimé jusqu'au point infini
De te survivre en étouffant toute espérance.
La croix de sable, 1927.
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