Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Frères d'automne, ô christs

Frères d'automne, ô christs

 

Vers ceux qui m'ont donné leur âme sans faiblir,

Et dont l'effusion ne fut qu'un cri; moi, l'être

Aux longs yeux, fixant la nuit qui va frémir,

J'élève ce ciboire où Dieu vient d'apparaître.

 

Communion jalouse, où le sang des années

S'étoile; où les saisons, comme des pénitents,

Remaillent le soleil de leurs robes fanées

Avec l'aiguille d'or du silence et du temps.

 

Essaiment la clarté qui tremble, l'âme nue

Ainsi qu'aux premiers jours du monde, n'ayant rien

Que ma jeunesse en croix, m'avez-vous reconnue?

Serais-je, en vérité, l'invisible gardien,

 

L'ange aux ailes de sable et ton puissant murmure,

O solitude? Esprit-colombe au fond des nuits,

Pour arche ayant l'absence et l'adieu pour ramure,

Je bois la goutte d'eau qui bouge au fond du puits.

 

Laissez venir à moi les larmes de la terre,

Que la bonté soit mon berceau; me revoilà

Comme ces tout-petits qui poussent la lumière

En s'accrochant au ciel qui les enveloppa.

 

Vous tous qui m'apportez le pain et la fumée,

Frères d'automne, ô christs, amants du souvenir.

Serrez-vous dans les plis de ma robe embaumée,

La rose saigne et sous vos doigts va refleurir.

 

La croix de sable, 1927.

 

 



10/12/2012
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