Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

La gueuse

La gueuse

 

Claquant d'amour, s'est arrêtée

        Devant l'échoppe

      A l'enseigne édentée

Où la douleur et l'homme hument leur choppe.

 

La douleur siffle et l'homme attend. 

         Donne ta bouche,

      Femelle, ombre du temps,

L'or des minuits roulera sur ta couche.

 

Ah! Qu'il fait bon se réchauffer

         A ton haleine,

      Enfant du vieux rûcher,

Feuille d'acanthe enveloppant ma peine.

 

Couchons ensemble, il fait dru.

        Mets-toi en boule,

      L'oubli fume, et j'ai cru

Reconnaître comme un tambour qui roule...

 

Notre Père qui êtes aux cieux,

        Que la justice 

     Aborde et que nos yeux

Rayonnent. Il n'est pire supplice

 

Qui ne soit consolé tout bas,

        Lorsque vos ailes

     Et notre âme qui bat

Ont mis l'espoir, comme une épée, entre elles.

 

Grâce pour la gueuse et le fou,

       Pour mon semblable;

     Douleur, tends bien le cou

Pour qu'on t'aperçoive au bout de la table

 

Quand les cloches du paradis

       Et la cigogne

      Reviendront. Christ a dit:

Laissez venir à moi celui qui cogne

 

A mes volets, car mes volets,

       Bleuis d'étoiles,

      Ouvent sur des palais

Où l'ange et l'araignée ont fait leurs toiles.

 

En attendant, meurs sur la croix:

       Fiel et éponge

      Et les battants de bois

Sont prêts: Saigne, Dieu t'a tendu sa longe.

 

Lecredo sur la montagne, 1934



28/11/2012
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