Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Le seul but

Le seul but

 

S'astreindre à dépasser journellement sa tâche;

En découvrir le but, et demeurer debout,

Les ailes en faisceau, face au ciel qu'on détache,

Même si la besogne a un odeur d'égout.

 

J'ai récuré pots et marmites, votre trône,

Latrines qui s'ouvraient sur un verger sans fin,

Dont l'oeil-ce-boeuf, semblable au sourire d'un faune,

Luisait: j'avais seize ans, je devais avoir faim.

 

Et plus je récurais, plus j'emplissais de mousse

La bassine au col d'or où bouillonnait le vent,

Plus mon rire montait, plus l'ardeur qui me pousse

Faisait de moi ton compagnon, soleil levant.

 

A nous deux, maintenant, ô Lumière! Ma force

Fut d'accepter la vie, en sautant au milieu

Pour dresser mon fortin. Le ciel m'offre son torse,

Me voici: que se déroule l'espace-Dieu.

 

J'emporte un chargement complet pour la grand-route;

Poèmes et chaudrons tanguent sur mon bassour;

Si les bêtes de file ont l'oreille aux écoutes

C'est que je vais, sifflant dans mon moulin à bras.

 

Le credo sur la montagne, 1934.



25/09/2012
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