Les continents berceurs
Les continents berceurs
Les continents berceurs nous offrent sans retour
Leur bleu sempiternel et leur sable insipide;
Serions-nous donc plus grands que cet immense amour
Que les dieux ont semé dans l'espace limpide.
Je n'interrogerai ni le soir qui m'étreint,
Ni l'aube fraternelle où s'accoudait ma vie;
Etendue à mourir, l'absence sous mes reins,
Je suis l'ange affamé que plus rien ne relie.
Ma condamnation me vient d'un univers
Dont je n'ai pas subi l'étroite discipline;
Mon esprit aimanté vogue au-delà des mers,
L'infini sans boussole étoile ma poitrine.
Quand j'aurai dépassé la musique des nuits
Et compris à jamais l'énorme symphonie
Qui déborde du temps, je servirai d'appui
Aux bêtes et aux dieux qui m'ont versé leur vie.
Et dans ma plénitude au parfum boréal,
Moi, vaisseau démâté que la splendeur isole,
J'étreindrai du regard ton océan pascal
Vérité, large ouverte ainsi qu'une corolle.
Le credo sur la montagne, 1934.
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