Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Mon temple intérieur

Mon temple intérieur

 

Je n'ai jamais prié qu'en face de moi-même.

Mon temple intérieur brûla de mille feux

Quand mon premier amour, célébrant ton baptême

O douleur, s'engouffra dans ton abri neigeux.

 

Mes genoux enfoncés dans la terre; prenant

L'arbre et l'oiseau pour confesseurs; investie

Du pouvoir que confère un brin d'herbe ou le vent,

J'ai consacré la fleur qui m'a servi d'hostie.

 

L'aurore n'eut jamais un tel rayonnement

Qu'à la seconde où j'ai senti votre présence,

Pardon: chasuble d'or qu'un tout petit enfant

Jette sur notre épaule où perle le silence.

 

Pardonnez-moi, Dieu qui battez sous mes genoux,

De n'être qu'une femme et d'aimer comme un homme;

La source où j'ai puisé garde au creux des cailloux

Ton amphore, ô souffrance, et n'étant rien en somme

 

Qu'un poète affamé d'espace et de pitié,

J'attends la mort, en appuyant contre mes côtes

Ce morceau d'horizon que vous avez lié,

Qui m'aidera, soyez-en sûr, sur l'autre côte.

 

Le credo sur la montagne, 1934.



25/09/2012
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