Océan des minutes
Océan des minutes
Ambre, parfum total assumant l'infini;
Gonflement du ciel creux en qui se répercute
Le sanglot de la chair. Amphore au col bruni
Où fume la douceur. Océan des minutes
Multipliant l'espace et faisant d'un seul bond
Reculer la pensée à des milliards de lieues.
Quel refuge a dompté nos reins de vagabond,
Pour que l'ennui qui baille au sommet des nuits bleues
Retombe sur nos fronts en grosses gouttes d'or?
Ambre, sultan des soirs, disciple du mensonge,
Toi qui brûles du ciel dans les creusets du songe,
Afin qu'un souvenir vienne baiser nos corps;
Miraculeux parfum, ô lueurs saccadées,
Précipitant la nuit et laissant vers ses pôles
La jouissance aride et le sang des idées.
Qu'importe si ton souffle a broyé mes épaules,
Je veux, anéantie en ta toute-puissance,
Moi, femelle indomptée, amante du néant,
Mon rêve déployé comme un oiseau géant,
Tomber, les bras en croix, dans cette odeur qui pense.
La croix de sable, 1927.
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