Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Réveil

Réveil

 

Le soleil est venu frapper contre ma vitre:

" - Allons, vite, debout, il faut me recevoir,

Laisse tes gros cahiers dormir sur ton pupitre,

Tu me retrouveras, là-bas, près du lavoir."

 

Alors, je suis partie en riant vers la plaine;

La campagne frileuse allongeait ses moissons;

D'énormes chardons bleus s'accrochaient à ma traine

Et mille insectes fous criaient dans les buissons.

 

Des mots d'amour semblaient voler dans la clairière;

Je les ai tous redits dans un acte de foi,

Lorsque soudain, parmi des vagues de lumière,

Ton nom, comme un oiseau, s'est blotti contre moi.

 

Ne souris pas, je t'aime, et c'est là mon excuse,

Ecoute bien plutôt tout ce qui m'arriva:

Croyais-tu le soleil capable d'une ruse?

Je fus au rendez-vous; lui, point ne s'y trouva...

 

Le vieux malin s'était caché pour me surprendre,

Et comme je pleurais près du petit lavoir,

L'autre fou me cria: - "J'ai des rayons à vendre,

Ouvre ton coeur, enfant, tu vas en recevoir."

 

Variations sur un même thème

 

(Dans "Le Jardin des Dieux", 1908)



21/01/2013
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