Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Sonnet

Sonnet

 

Ce soir, plus que jamais, je souffre de la peur,

Car j'ai l'illusion funèbre et fantastique

D'être un cercueil vivant, profond et magnifique,

Où l'amour et la mort étaient leur splendeur?

 

Le silence y pénètre et s'enroule, vainqueur,

Tout autour de mon âme étrange, énigmatique.

Si l'on prêtait l'oreille, on entendrait, tragique,

Comme un bouillonnement qui descend vers mon coeur.

 

Car j'ai depuis longtemps tué dans ma poitrine

Mes désirs, charriant le flux de leur vermine

A travers l'infini de mes jours en grand deuil.

 

Chaque nuit fait tomber ses larges gouttes d'ombre

Au fond de mes douleurs dont j'ignore le nombre,

Car mille souvenirs font battre mon cercueil!

 

Elégies,

Dans le "Jardin des Dieux, 1908

 



04/11/2012
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