Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Tel un dieu qui chemine

Tel un dieu qui chemine

 

Je t'ai senti venir à moi du fond des âges,

Tel un dieu qui chemine au delà des instants,

Et dont l'allure a pris la courbe des nuages,

Tu soulevais ce ciel où planent les printemps.

 

L'impassible clarté, sous sa carrure d'ange,

Maintenait ta jeunesse et mêlé à son sang,

Dans une solitude énorme et sans mélange,

Tu suivais mon signal sur la mer qui descend.

 

La nuit vierge a jeté ses amarres. Deux mondes

Dans un bouillonnement de fleurs jettent un cri...

Volupté dont mon coeur a mesuré les ondes,

Et qui stagne aux confins du silence agrandi.

 

Nue au sommet de l'heure, accomplissant le rite,

Esclave des soleils et de l'illimité,

Je suis la rose-feu dont le parfum crépite,

Fleur australe voguant dans l'éther enchanté.

 

Le silence a vraiment toute sa plénitude.

Violet, sans cassure, en nappes, sur ma chair,

Tel un oiseau géant à la grande aile rude,

Au ventre satiné par le duvet des mers.

 

Magnétique splendeur dont j'ai fait mon rivage,

Source ininterrompue où l'esprit affamé

Va, repuisant sa force et remontant les âges,

Devient le pôle où le néant s'est refermé.

 

Nous voici sur le seuil des vérités offertes,

Notre amour n'est qu'un pont jeté sur l'inconnu,

Horizon fraternel et riche en découvertes,

Nous voici face aux dieux qui t'avaient reconnu.

 

Ma volonté d'amour abolit la distance,

Nul intervalle; hier s'accoude à ta clarté.

Mon rêve de titan a fécondé l'absence

Et la minute éclate à force de beauté.

 

La croix de sable, 1927.

 



02/12/2012
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