Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Volupté des gueux

Volupté des gueux

 

Mon repas?

Ce feu vierge, où j'entasse

A pleins bras,

Des lambeaux de forêts tout ruisselants d'espace.

 

Volupté

Des gueux et des poètes;

O clarté,

Chaude comme du pain, qui dispense des fêtes.

 

Des baisers,

Feu qui tourne en ripaille,

Chants brisés,

Projetant leurs lueurs dans l'ombre où je travaille.

 

Loin de moi

Fuis, ô printemps qui plane;

L'hiver-roi

Attise mon cerveau, et ces vers que je glane.

 

Bouquets bleus

Que mouille le silence,

Deux à deux,

S'en iront raconter mon coeur sans espérance.

 

Et qui sait?

L'un d'entre vous, peut-être,

Du passé

Ranimant les tisons, avant de disparaître,

 

Reviendra

Dans la maison profonde,

Et lira

La grande chose triste où Dieu jeta sa sonde.

 

C'est alors

Qu'on verra dans la flamme,

Oiseau d'or

Qui danse sous mes yeux, l'auréole d'une âme,

 

Emportant

Dans ton orbe, ô fumée,

Chaque instant

Qui roulait du soleil dans ma chambre embaumée.

 

La croix de sable, 1927.

 

 



02/12/2012
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