Volupté des gueux
Volupté des gueux
Mon repas?
Ce feu vierge, où j'entasse
A pleins bras,
Des lambeaux de forêts tout ruisselants d'espace.
Volupté
Des gueux et des poètes;
O clarté,
Chaude comme du pain, qui dispense des fêtes.
Des baisers,
Feu qui tourne en ripaille,
Chants brisés,
Projetant leurs lueurs dans l'ombre où je travaille.
Loin de moi
Fuis, ô printemps qui plane;
L'hiver-roi
Attise mon cerveau, et ces vers que je glane.
Bouquets bleus
Que mouille le silence,
Deux à deux,
S'en iront raconter mon coeur sans espérance.
Et qui sait?
L'un d'entre vous, peut-être,
Du passé
Ranimant les tisons, avant de disparaître,
Reviendra
Dans la maison profonde,
Et lira
La grande chose triste où Dieu jeta sa sonde.
C'est alors
Qu'on verra dans la flamme,
Oiseau d'or
Qui danse sous mes yeux, l'auréole d'une âme,
Emportant
Dans ton orbe, ô fumée,
Chaque instant
Qui roulait du soleil dans ma chambre embaumée.
La croix de sable, 1927.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2 autres membres