Le secret d'une fleur
Le secret d'une fleur
A une Parisienne.
Ceci me fut conté par un brin de verveine
Certain soir de printemps léger comme une peine.
Qui m'écoutait? me direz-vous... L'ombre et le temps
Blottis dans un massif de géraniums blancs.
Je crois bien qu'une rose, aussi, prêta l'oreille.
Car je vis s'envoler une feuille vermeille.
Vous dire ce secret? Le pourrai-je vraiment?
Sachez donc qu'une fée avait eu pour amant...
- Vous souriez déjà? comme vous êtes femme...
Vous tenez donc beaucoup à ce récit, madame?
Il était une fois... - vous révéler le nom
Que j'ai trouvé caché sous cette histoire? non;
Prenez plutôt ce médaillon sous ma dentelle:
Y voyez-vous rêver, dans sa grâce immortelle,
Une humble et chaste fleur au calice embaumé?
On dirait que le temps jaloux l'a refermé...
Quelle amoureuse main conserva sous ce verre
Cette adorable fleur et son troublant mystère?
Depuis bien des saisons, je la vois, chaque jour,
Entr'ouvrir en tremblant sa corolle d'amour;
On m'a dit qu'un baiser revient, par intervalles,
Faire battre le coeur qui dort dans ses pétales,
Et que l'on voit parfois sortir du médaillon
Un humble aveu d'amour sous forme de rayon.
Ceci me fut conté par un brin de verveine,
Certain soir de printemps, divin comme une peine!
Variations sur un même thème (Le Jardin des Dieux, 1908)
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