Remember
Remember
j'aime tes yeux pour leur mystère,
Et pour l'inexprimable émoi
Qu'ils firent naître, un soir, en moi,
Quand tu t'offris à ma misère.
Ce fut la veille de l'été,
Trois ans bientôt, dis, que t'en semble?
Que nous étions heureux ensemble!
Depuis, l'ai-je jamais été?
Je revois tout: le salon triste
Et mon fauteuil très près du tien,
Tu ne m'as rien dit, presque rien,
Pourtant ta voix, en moi, persiste.
J'ai murmuré: veux-tu ces fleurs,
Ces fleurs, que ma lèvre a touchées?
Puis, nos bouches s'étant cherchées,
Je crus défaillir sur ton coeur!
Plus tard, quand j'eus franchi ta porte,
Devant m'éloigner à jamais,
Je compris combien je t'aimais,
Combien ma tendresse était forte;
Car, en dépit des propos vains,
De ton mépris, de leurs mensonges,
J'ai pu cristalliser mes songes
Et nos instants les plus divins.
Pourtant, je souffre au fond de l'être,
Ma voix est pleine de sanglots,
Pour ne t'avoir pas dit les mots
Qu'il eût fallu dire, peut être...
Variations sur un même thème (Le jardin des Dieux, 1908)
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