Soir lointain
Soir lointain
Un soir d'avril ancien, tout frémissant de roses,
Un soir bleu, caressé par d'invisibles choses,
Je lui donnai ma bouche, et ce fut, ce baiser,
Comme un aveu du ciel que je venais d'oser!
Les étoiles tremblaient au fond du ciel immense,
A joutant leur accord au plain-chant du silence.
Qu'avais-je en moi pour m'émouvoir si puissamment?
Je regardais ses yeux, ses yeux profonds d'amant
Que la nuit emplissait d'un bleu presque magique,
Et que l'amour voilait d'une ombre maléfique...
J'aurais voulu pleurer d'angoisse et de bonheur
Quand j'y vis affluer lentement tout son coeur.
Que ne m'emportas-tu, ce soir fou de tendresse!
Nous eussions fait chanter bien haut notre jeunesse
Et, par de telles nuits, frémissants, éperdus,
Quels chants n'eussions-nous pas, dans nos coeurs, entendus?
Ton souvenir, depuis, a dominé ma vie,
Mon coeur bat, mesurant sa peine à sa folie;
J'ai vécu, mais, hélas! je n'ai rien oublié,
Ton coeur est mort sans un sanglot, - moi, j'ai crié!
Variations sur un même thème (Le jardin des Dieux, 1908)
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