Tel un vaisseau blessé
Tel un vaisseau blessé
Instant qui m'as donné dans toute sa splendeur
cette compréhension muette d'une force
Que nul ciel ne détient et qui semble l'écorce
D'un arbre constellé de silence et d'odeur.
Dieu qui mêliez l'espace aux mots que nous taisions,
Qui nous poussiez vers cette voûte qui résiste;
Vous dont le souffle tiède, impérieux et triste,
Passait en ouragan d'étoiles sur nos fronts;
Pourquoi m'avoir laissée à genoux sur le seuil
Alors que l'infini stagnant sous ses paupières,
Devait laisser en moi des caillots de lumière?
Tel un vaisseau blessé tanguant contre un écueil.
Je flotte, au creux des soirs, entre deux horizons:
L'un, roulant des soleils parmi ses lames bleues,
L'autre devant s'étendre à des milliers de lieues
Face à l'éternité qui nous sert de cloisons.
Et c'est toi que poursuit infatigablement
Mon esprit immobile englouti sous ses voiles,
Avec ses hublots morts tout maculés d'étoiles.
Quel souvenir, ce soir, flotte dans ton grément?
La croix de sable, 1927.
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