Tel un dieu qui chemine
Tel un dieu qui chemine
Je t'ai senti venir à moi du fond des âges,
Tel un dieu qui chemine au delà des instants,
Et dont l'allure a pris la courbe des nuages,
Tu soulevais ce ciel où planent les printemps.
L'impassible clarté, sous sa carrure d'ange,
Maintenait ta jeunesse et mêlé à son sang,
Dans une solitude énorme et sans mélange,
Tu suivais mon signal sur la mer qui descend.
La nuit vierge a jeté ses amarres. Deux mondes
Dans un bouillonnement de fleurs jettent un cri...
Volupté dont mon coeur a mesuré les ondes,
Et qui stagne aux confins du silence agrandi.
Nue au sommet de l'heure, accomplissant le rite,
Esclave des soleils et de l'illimité,
Je suis la rose-feu dont le parfum crépite,
Fleur australe voguant dans l'éther enchanté.
Le silence a vraiment toute sa plénitude.
Violet, sans cassure, en nappes, sur ma chair,
Tel un oiseau géant à la grande aile rude,
Au ventre satiné par le duvet des mers.
Magnétique splendeur dont j'ai fait mon rivage,
Source ininterrompue où l'esprit affamé
Va, repuisant sa force et remontant les âges,
Devient le pôle où le néant s'est refermé.
Nous voici sur le seuil des vérités offertes,
Notre amour n'est qu'un pont jeté sur l'inconnu,
Horizon fraternel et riche en découvertes,
Nous voici face aux dieux qui t'avaient reconnu.
Ma volonté d'amour abolit la distance,
Nul intervalle; hier s'accoude à ta clarté.
Mon rêve de titan a fécondé l'absence
Et la minute éclate à force de beauté.
La croix de sable, 1927.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2 autres membres