L'arbre mort
L'arbre mort
En plein ciel dans la terre harassée,
De son front musical touchant les longs cieux roux,
On dirait qu'il avance, en sautant dans les troux,
Par la grand'plaine où la nuit s'est tassée.
Pour mesurer sa solitude, lui
Qui n'eut pour horizon que ce bois qui dépasse,
De ses rameaux musclés vient d'empoigner l'espace,
N'ayant jamais senti, comme aujourd'hui,
De ses instants, la force libérée.
Arbre qui pris ta source à travers les sillons,
Sous des mottes de ciel; toi que nous revoyons,
Loin des hivers, dont tu gardes l'entrée,
Serrant encor, contre tes flancs rugueux,
Tes jours démantelés et tes nuits sans écorce;
Dis-nous que cette mort a centuplé ta force,
Et que le temps qui saigne dans tes noeuds,
Rebâtira bientôt ce toit de feuilles,
Avec son échappée immense vers là-haut,
Pour que la plaine et l'homme, enveloppés d'air chaud,
Puisse boire ce sang que tu recueilles.
La croix de sable, 1927
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2 autres membres