Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Adore avec stupeur

Adore avec stupeur

 

      Tu ne méditeras

Que sur la nudité de l'âme.

Adore avec stupeur, tes bras

Tendus vers l'invisible. Rame

Vers le radeau qu'on ne voit pas.

 

      L'horizon, sous tes poings,

Est-il moins vaste? Avance, oblique,

Mais surtout ne t'arrête point;

Voici la clarté pacifique,

L'étoile-Dieu luit comme un point.

 

      Où vont l'homme et le vent?

Où l'arche est-elle donc tombée?

Vais-je voir, en me soulevant,

Sous la lumière recourbée,

La face vierge des vivants?

 

      Mais où m'entraîne-t-on?

L'île, dites-moi? Où est l'île?

L'espérance marche à tâtons,

Et sa rame, presque immobile,

Ne sait jamais quand nous partons.

 

      Quiconque reviendrait,

Un continent sur sa poitrine,

Porteur du terrible secret,

N'aurait, sur sa face divine,

Qu'un soleil en croix qui battrait.

 

      Et nous tous, fils de Dieu,

Bercés par l'océan étale,

Reverrions monter peu à peu,

Des profondeurs subliminales,

Le radeau plein d'ossements bleus.

 

La croix de sable, 1927.

 



08/12/2012
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