Là-bas
Là-bas
Le vent, seul, a connu ma force.
Lorsque j'allais vers toi, soleil,
Mes rêves-dieux contre mon torse,
Amant du sable et du sommeil;
Quand j'allais dans le jour égal,
La peau nue et rien sous la tempe,
Le vent, comme un bel animal,
Sous les deux ailes où je campe,
S'allongeait pour me voir mourir.
Nous sommes-nous serrés! Deux bêtes,
Buvant ton sang, ô souvenir.
Horizon qui marches, t'arrêtes.
O vieux mirage intermittent,
Dont la clarté se désagrège,
Et d'un seul bond va débordant
Dans la mémoire qui s'allège.
J'ai marché comme un détenu
Sous un ciel double et si vorace,
Qu'il me semble avoir entendu
Le cri de l'homme et de l'espace.
Ai-je souffert, en vérité?
La mise en croix fut si docile,
Le sable et Dieu n'ont rien ôté,
L'âme saigne, presque immobile.
La croix de sable, 1927
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2 autres membres