Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Ailes debout

Ailes debout

 

Revoici les marins vierges,

      Ailes debout,

Gifleurs d'étoiles, ces cierges

      A l'autre bout.

 

Laissez la mer dans nos gorges,

      Nous ne voulons

Que cruche d'eau et pain d'orge

      Car nos talons

 

N'en peuvent plus. Ciel qui roules, 

      Seul toit divin

Qui pleures, ris, et roucoules

      Sans lendemain;

 

Quand l'île aura fait naufrage,

      Face au soleil, 

Dresserons dans les cordages

      L'antre vermeil.

 

L'équateur a tendu sa bouche,

      Carguez, les gars,

Mille odeurs sont sur ma bouche

      Et dans mes bras.

 

Ca sent le vide et l'orange,

      Ca sent le miel:

Lucifer possède l'ange...

      Spasme du ciel

 

Défends-moi de tout mensonge;

      Mon front est nu,

Et l'horizon que je prolonge,

      Fou d'inconniu,

 

Fait sauter sous mes prunelles

      La cale d'or

Des paradis. les nacelles

      Sont à tribord,

 

Hissez la voile! Deux mousses

      Dans les filins;

Si l'étoile a des secousses,

      Tendons nos reins!

 

Qu'on épaule la lumière:

      L'heure qui bout

Retrouve sa prisonnière

      Ailes debout.

 

Le credo sur la montagne, 1934.



29/11/2012
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