Automne...
Automne...
Automne, vieux miroir où se reflète l'homme,
Où la pensée, avec son spectre lumineux,
A l'inégalité des plaines où nous sommes,
Mettant des flaques d'or autour des jours noueux.
Je voudrais m'endormir contre ce tas de pierre,
Tout en sentant la nuit monter autour de moi;
Et baisant le passé blotti sous leurs paupières
Me réveiller contre mes morts, mêler nos doigts,
Leur parler en sourdine, en rapprochant nos temps,
Puis, sous la terre grasse où s'enfoncent leurs jours,
Approcher gravement mes yeux, comme une lampe,
Pour éclairer leur bouche et leur dire, à mon tour,
Combien je les aimais. Alors, comme une aïeule,
Berçant sur mes genoux leur squelette aminci,
Je chanterais, comme on sanglote, pour moi seule,
Et rebordant leur tombe, ayant comme ceci,
Couché mon souvenir dans leurs bras en déroute,
Je m'en irais, à reculons, parmi le vent,
Les cailloux et l'automne, et rejoignant ma route,
M'enfoncerais dans l'ombre ainsi qu'un revenant.
La croix de sable, 1927.
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