Feu que j'allaite...
Feu que j'allaite...
Feu que j'allaite, toi qui berces et m'endors;
Et dans un tourbillon d'angoisse et de fumée,
Fais jouer des saisons l'invisible ressort,
Tandis qu'autour de moi la nuit s'est refermée.
Je n'aurai pas assez de mots puissants et doux
Pour répondre, à voix basse, à ta clarté peureuse,
Tant d'hivers disparus roulent sur mes genoux.
Mais chacun, en passant dans ta flamme, la creuse,
Et lui donne, à travers ce silence attendri,
Cet amour résigné, ce geste de servante.
O grand feu nourricier qui dès mon premier cri,
Alimentas mes soirs et ce ciel que j'invente.
Voici venir, sous sa capuche de Noël,
Avec ses gros chaussons bourrés de bonnes choses,
Ce décembre enfantin, qui d'un geste éternel,
Ranime nos baisers, sans vouloir autre chose.
Que te demanderais-je, en étouffant ma voix?
Du plus lointain qu'il me souvienne, chaque année,
En mettant ses sabots contre ma cheminée,
N'a trouvé qu'un enfant qui soufflait sur ses doigts.
La croix de sable, 1927
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