Frères d'automne, ô christs
Frères d'automne, ô christs
Vers ceux qui m'ont donné leur âme sans faiblir,
Et dont l'effusion ne fut qu'un cri; moi, l'être
Aux longs yeux, fixant la nuit qui va frémir,
J'élève ce ciboire où Dieu vient d'apparaître.
Communion jalouse, où le sang des années
S'étoile; où les saisons, comme des pénitents,
Remaillent le soleil de leurs robes fanées
Avec l'aiguille d'or du silence et du temps.
Essaiment la clarté qui tremble, l'âme nue
Ainsi qu'aux premiers jours du monde, n'ayant rien
Que ma jeunesse en croix, m'avez-vous reconnue?
Serais-je, en vérité, l'invisible gardien,
L'ange aux ailes de sable et ton puissant murmure,
O solitude? Esprit-colombe au fond des nuits,
Pour arche ayant l'absence et l'adieu pour ramure,
Je bois la goutte d'eau qui bouge au fond du puits.
Laissez venir à moi les larmes de la terre,
Que la bonté soit mon berceau; me revoilà
Comme ces tout-petits qui poussent la lumière
En s'accrochant au ciel qui les enveloppa.
Vous tous qui m'apportez le pain et la fumée,
Frères d'automne, ô christs, amants du souvenir.
Serrez-vous dans les plis de ma robe embaumée,
La rose saigne et sous vos doigts va refleurir.
La croix de sable, 1927.
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