Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

L'attente

L'attente

 

La chambre était parée avec une allégresse,

On avait remué du soleil à pleins bras;

Les coussins n'étaient plus qu'une immense caresse,

Ivre, le temps rôdait sur le lit jeune et bas!

 

J'attendais. Une fleur du Sud ou des Tropiques,

Par rafale. des murs que le silence a bus;

L'ambre indéfinissable et son odeur unique

Dans l'air qui sent déjà l'absence au goût têtu.

 

Le rire de la porte et un pas. Voici l'être

Que casque l'indolence et qu'a sculpté l'orgueil.

Les yeux ont-ils donné leur puissance? Peut-être.

Mais l'âme, en vérité, n'a pas franchi le seuil.

 

Nous avons louvoyé sous un ciel insondable,

Le moindre geste avazit l'ampleur d'un souvenir,

Mais quelle solitude! On eût dit que du sable

Coulait entre nos fronts, pour mieux les désunir.

 

Ce fut tout, n'est-ce pas? Le bonheur est vorace.

Nous avons fui, sans un regard, les bras en croix,

Et ma chambre embaumée et son odeur tenace

Saignent sans trop savoir, en emmêlant nos voix.

 

La croix de sable, 1927.



04/12/2012
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