L'esquif
L'esquif
Quand pourrai-je habiter le radeau de nuages
Que j'ai construit au clair du rêve et au hasard,
Un peu partout, dans le désert, sur les rivages,
Et qui flotte, alangui, n'attendant qu'un départ?
Je ne sais plus quel nom insuffler à la courbe
Qui tour à tour ressemble à l'arbre, au végétal,
Aux dieux qui font germer dans l'azur et la tourbe
L'imagination, ce grand cygne pascal.
Si tu le veux, mon bel esquif, ô goélette
Qui sens le miel, la rose et le sang de la mer;
Si tu le veux, bouée où j'ai posé ma tête,
Nous irons saluer les anges de l'éther.
Nous recevrons à bord ceux qui voudront me suivre,
De préférence les marins du souvenirs,
Les aveugles, les fous, ceux qui brûlent de vivre
Au delà du mensonge où le ciel peut fleurir.
Arc-boutés à la voile et buvant les nuages,
Il fera bon se raconter, coeur contre coeur,
La belle histoire où l'epérance et ses mirages
Arrachent les feuilles de l'antique douleur.
Le credo sur la montagne, 1934
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