Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Sursaut

Sursaut

 

Mourir? D'un coup de reins je me suis redressée,

Avec ce haussement d'espace qu'a ma foi

Quand le soleil décline. En musique tressée,

Ma simarre à grelots fut en tel désarroi.

 

Je tournoyais sans but, comme ces éphémères

Dont l'aile s'est jetée en travers du courant,

Et nul n'aurait pu voir, sous mon masque à chimères,

Ton rire énorme et redoutable, ô Juif Errant.

 

Si ma détresse a tressailli jusqu'aux vertèbres,

En jaugeant cette vie où j'enfonce mes bras,

C'est que ma plénitude épaulant les ténèbres,

M'a montré jusqu'au coeur ce Dieu qu'on n'atteint pas.

 

Et depuis lors, je sais la raison qui me pousse

A costumer mes jours comme au temps du Sabbat:

Pour que l'Illusion, de secousse en secousse,

Puisse entasser ses fleurs au fond de mon cabas.

 

Le credo sur la montagne, 1934.



27/09/2012
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