Pourquoi suis-je à genoux
Pourquoi suis-je à genoux
Seigneur, qui m'invitez à d'invisibles fêtes,
Sans le secours de l'ange offert aux tout-petits,
Pourquoi suis-je à genoux, le front en paradis,
Humble à jamais, sachant le don que vous me faites?
Seigneur, vous le savez, je viens comme autrefois,
Du pollen sur ma bouche, le ciel sous ma paupière;
De mon premier amour à l'utime lumière
Il ne me reste rien que ce silence en croix.
Mais si j'ai mérité de comprendre à genoux
L'aveugle qui chemin et l'enfant qui roucoule
Quelle miséricorde. Est-ce moi qui déroule
L'écheveau suspendu sur les meilleurs de nous?
Lorsque l'absence a navigué sans Dieu ni voiles,
Au hasard des soleils et des sables mouvants,
L'âme, comme un récif, s'isole dans le vent,
Et sur sa nudité moutonnent les étoiles.
Aveugles et marins, frères des cabarets,
Vous qui tombez d'amour dans les ruelles chaudes,
Quel vaste oubli vous a bercés. Quelles maraudes
Que ces pleurs en rasade et ce ciel aux poignets.
Moi qui marche, n'ayant pour toute nourriture,
Que la manne lancée en plein vol dans la nuit,
Saurai-je retrouver l'archange qui me suit,
Nos deux ombres ayant déchiré leur voilure.
Le credo sur la montagne, 1934.
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