La mosquée verte
La mosquée verte
La coupole, un jour vert, une odeur de santal,
Et le jet d'eau, commeun corps nu,
Une prière molle, au feuillage têtu,
Montant et descendant dans un sanglot total.
La fraîcheur des burnous et le vol des syllabes
Entrechoquant leurs ailes;
Les voûtes d'un jardin lourdes de tourterelles,
La chaleur piaffant comme un cheval arabe.
Nulle abeille. Midi sous son peplum orange.
Une ville qui broute et s'endort sur des marches,
Sous son manteau d'alfa un ciel à face d'ange,
Et des femmes offrant leur sexe sous des arches.
Ma bouche orientale, au sourire persan,
S'amusait à les suivre et scandait leurs accords;
Les cheveux déployés, des roses dans le sang,
J'ai maintenu le ciel qui chantait sur mon corps.
L'apaisement d'un tigre aux mâchoires fumantes,
La brousse, le mirage, un claquement d'air chaud,
L'immobilité nette. Et là, contre ma peau,
Quelque chose de triste et qui chante... qui chante...
Brousse.
Les Versets du Soleil, 1921
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