Labours
Labours
La plaine immense étale au large ses labours;
Le soleil frappe en maître et fait rouge la terre;
Deux grands boeufs vont, tirant la charrue aux détours,
Le laboureur poursuit sa route, solitaire.
La pluie a grassement pétri tous les sillons;
Une odeur de blé mûr semble sourdre des graines;
Et là-bas, sous les cieux, comme des bataillons,
Serrant leurs troncs noueux, s'alignent les grands frênes.
Des charrettes de foin sommeillent au midi,
La luzerne fauchée exhale un parfum d'ambre,
L'air bleu qui la caresse en parait attiédi...
Comme il fait bon marcher ce matin de septembre!
J'ai songé que, semblable à la terre en sueur,
Le temps devrait aussi labourer nos pensées;
Il resterait à peine une faible lueur
De nos amours d'hier, de nos erreurs passées.
Allons, debout, pauvre âme et jette à l'avenir
Le grain d'où sortira le germe e l'idée!
Crois-tu donc que ton coeur veuille se souvenir?
Dieu te pousse dans l'ombre, et ta lyre accordée
Réclame d'autres airs que des miserere.
Debout, dans le soleil, oriente ta vie;
Franchis, si tu le peux l'infini d'un degré:
A la table des Dieux, ce soir, je te convie!
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