Le port
Le port
Eh! par ici, l'homme. Il fait rude.
Voici l'auberge sans hublot
Nue et forte............................
Nuit sans prélude
Dont la beauté fut le falot.
Ton ciel à toi sent la saumure,
Le goudron et le vin musqué;
C'est chaud, ça bat sur ta figure
Car le plaisir s'est démasqué.
Est-ce le vent ou ta peau saoule
Ce goût cocasse et irréel?
Vaste mélange où le soir roule
Des mers du Sud aux archipels.
C'est beau, vous deux. Quelle poussée!
L'âme a viré de bord. Ses reins:
Une panthère ramassée
Et l'autre que l'espace étreint.
C'est du soleil plein la bedaine
Qu'il rejoindra le large. Ainsi
L'homme et la garce, d'une haleine,
Auront bu la clarté d'ici.
Et ramenant contre leur ventre,
Leur tignasse et leurs souvenirs,
Ils auront ce sanglot qu'on rentre
Et que rien ne peut définir.
La croix de sable, 1927.
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