Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Le port

Le port

 

Eh! par ici, l'homme. Il fait rude.

Voici l'auberge sans hublot

Nue et forte............................

               Nuit sans prélude

Dont la beauté fut le falot.

 

Ton ciel à toi sent la saumure,

Le goudron et le vin musqué;

C'est chaud, ça bat sur ta figure

Car le plaisir s'est démasqué.

 

Est-ce le vent ou ta peau saoule

Ce goût cocasse et irréel?

Vaste mélange où le soir roule

Des mers du Sud aux archipels.

 

C'est beau, vous deux. Quelle poussée!

L'âme a viré de bord. Ses reins:

Une panthère ramassée

Et l'autre que l'espace étreint.

 

C'est du soleil plein la bedaine

Qu'il rejoindra le large. Ainsi

L'homme et la garce, d'une haleine,

Auront bu la clarté d'ici.

 

Et ramenant contre leur ventre,

Leur tignasse et leurs souvenirs,

Ils auront ce sanglot qu'on rentre

Et que rien ne peut définir.

 

La croix de sable, 1927.



16/12/2012
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