Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Maison, y es-tu?

Maison y es-tu?

 

Je dormais d'un si profond réveil

    Quand tu m'es apparue,

Amante tisseuse de soleil,

    Vieille, si vieille rue.

 

Je revois des balafres de fruits,

    Des écorces de roses,

Un pan de mur, l'arbe , un bout de puits,

    Et surtout cette chose:

 

Nous deux. Qui donc s'est arrêté

    Tant nous sentions la vie?

Le temps? Qu'on ferme ma tempe à clé,

   Le songe se replie,

 

L'évanouissement est trop court...

    Qu'une eau lustrale avive

Ma mémoire, et qu'advienne le jour

    Où je brûlerai vive,

 

Pour retomber en cendres, là-bas,

    Dans ma maison mauresque,

Où mon coeur et sa bouche qui bat

    Saignent comme une fresque.

 

C'est bizarre, ce petit point d'or

    Qui court, qui court, en tête

Du passé, des printemps, plus encor,

    Et que plus rien n'arrête.

 

Serre bien tes yeux, serre-les bien,

    Même si ça te pique.

Maison, y es-tu?... Rien... plus rien...

    Et cela brique à brique.

 

Le credo sur la montagne, 1934



24/11/2012
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