Conciliabule
Conciliabule
Délaisse le tabac, les faux amis,
L'ombre empesée, et à Dieu vat.
Le destin joue échec et mat,
Mais l'espérance a le poignet démis.
De l'air, de l'air, et à pleine gorgée,
Ce ciel bâtard manque d'oiseaux.
Vérité, reprends tes ciseaux,
Coupons les jours, mettons-les en rangée:
Les uns appartiennent à tous, en somme,
Du plus stupide au plus dodu;
Les autres, mais bien entendu
A soi: la part du lion, mon bonhomme.
Que nul ne les touche, ou gare la casse.
Vérité, ris donc de tout ton saoûl;
Mon esprit, sans dessus-dessous,
T'appelle, et tu fuis, essoufflant l'espace.
Ne t'époumonne pas, ma vieille, viens
Sur mes genoux; laisse-les donc
Cracher sans demander pardon:
Nous deux, petit, n'est-ce pas qu'on est bien?
Je t'ai consulté à bout de ressource,
Ton coeur est si pur, si prenant;
Mais tu vieillis, ma pauvre enfant:
Je reste jeune et remonte à la source.
Mais malgré toi, Vérité, le sol s'émaille
De mille fleurs. L'homme est à bout,
Mais la douleur a vent debout;
La patience prendra ses tenailles,
Et déboulonnant la stupidité
Et les sept péchés capitaux,
Fera pencher vos deux plateaux:
Lumière, amour, fils de l'éternité.
Le credo sur la montagne, 1934.
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