Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Misserghin

Misserghin

 

Jardins de moines et de paons,

Interminable ciel où la chaleur écume,

          Et, vous enveloppant,

Fait affluer au coeur le sang qu'elle parfume.

 

Halte du muezzin et golfe des oranges,

Misserghin! est-ce toi qui trembles sur mes lèvres,

         Ou ce soleil étrange,

Lourd de musc arraché au ventre de tes chèvres?

 

J'ai pris entre mes doigts, comme une fleur velue,

         Un peu de terre,

         Et, la poitrine nue,

J'ai secoué le jour, ainsi qu'une crinière.

 

Les arbres s'enlaçaient à moi comme des bouches,

Et les rameaux géants, sous ma force asservis,

    Me déchiraient la chair. ce fut le cri

             Que la lumière touche,

 

L'hosannah du Mirage et le dédale immense

      Où s'enchevêtre la pensée;

            En face du silence,

            Je me suis redressée!

 

Mon corps avait un goût de soleil et d'encens;

J'ai bu les arbres, j'ai bu la terre, j'ai bu

        Jusqu'à crier et, franchissant

        Mon rêve, j'ai dû fuir, j'ai dû...

 

Les versets du Soleil, 1921.



04/10/2012
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