Un portique et une esclave noire
Un portique et une esclave noire
Au pays des Souks
Et des vasques pures,
Dans une ruelle aux senteurs de bouc,
Parmi la pierraille et des épluchures.
J'ai vu un portique et une esclave noire.
J'avais une rose, et pour cette rose
Le portique s'est ouvert soudain;
Des enfants dansaient autour d'un jardin,
La cour était nue et les chambres closes.
J'ai vu le jet d'eau où l'oiseau vient boire,
Le jasmin géant, les citernes d'or,
L'arbre, j'ai vu l'arbre
Millénaire, dont le charme endort,
Et qui boit le coeur des maisons de marbre.
Et j'ai chanté pour lui ma chanson étouffée
Aux pleurs impérissables;
C'était l'heure où notre âme a sa robe de fée
Et son manteau de sable.
Un immobile amour allant jusqu'aux racines
Enveloppait la terre,
Et j'étais là, devant cette chose divine:
La colombe et la fleur échangeant leur lumière.
Oudjda.
Les versets du Soleil, 1921.
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