Le muezzin
Le muezzin
Le silence a dompté la terre;
La ville plane;
La mosquée a repris sa pose de sultane:
Et dort parmi les pierres.
Est-ce l'aurore?
La nuit a déchiré sa chasuble d'étoiles;
Des flocons de clarté neigent sur le Bosphore.
Un bleu sourd a léché les felouques; les voiles
Tirent sur les amares;
Et, dans un clapotis de perles,
Sur un mode mineur, avec des gutturales
Roses, le chant déferle,
Ivre d'éternité.
Splendide et pâle,
Portant son manteau blanc ainsi qu'une simarre,
Le muezzin chante. La cité,
Ainsi qu'un vaisseau mort, tangue vers la lumière;
Et revoici l'instant unique où les terrasses,
Secouant leur rosée, avec lenteur délacent
Leur robe de prière.
Constantinople
Les versets du Soleil, 1921.
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