Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Océan des minutes

Océan des minutes

 

Ambre, parfum total assumant l'infini;

Gonflement du ciel creux en qui se répercute

Le sanglot de la chair. Amphore au col bruni

Où fume la douceur. Océan des minutes

 

Multipliant l'espace et faisant d'un seul bond

Reculer la pensée à des milliards de lieues.

Quel refuge a dompté nos reins de vagabond,

Pour que l'ennui qui baille au sommet des nuits bleues

 

Retombe sur nos fronts en grosses gouttes d'or?

Ambre, sultan des soirs, disciple du mensonge,

Toi qui brûles du ciel dans les creusets du songe,

Afin qu'un souvenir vienne baiser nos corps;

 

Miraculeux parfum, ô lueurs saccadées,

Précipitant la nuit et laissant vers ses pôles

La jouissance aride et le sang des idées.

Qu'importe si ton souffle a broyé mes épaules,

 

Je veux, anéantie en ta toute-puissance,

Moi, femelle indomptée, amante du néant,

Mon rêve déployé comme un oiseau géant,

Tomber, les bras en croix, dans cette odeur qui pense.

 

La croix de sable, 1927.



05/12/2012
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