Ta majesté, o sang
Ta majesté, o sang
Sang qui coule sous ma tempe avec la majesté
D'un fleuve,
Et d'aval en amont, tel un dieu qui s'abreuve,
Fais déborder le temps sur ta rive, éternité;
Quel souffle, venu du large, embaume ton errance,
Roi du soir,
Magicien sacré qui ne saurais surseoir
A ta tâche: revivifier ce coeur qui danse?
Que de détresses l'ont soulevé; battu des vents,
Que de naufrages;
En revanche, quel horizon dans les cordages,
Quel cri dans les agrès, quelle clameur, ô printemps!
Au mécanisme ailé qui te gouverne s'ajoute
Le chant primordial
De la terre et des eaux. Dans leur sang virginal
Naissaient: roses globules, soleils livrant leur joute.
A chaque battement de la lumière, le front
De l'homme, comme un monde,
Resplendissait. Pont-levis jeté sur ton onde,
Beauté, l'âme insufflait son rêve aux cieux qui naîtront.
Et chaque jour, à l'heure où Dieu s'agrippe à tes voiles,
Ciel, j'entends ton alphabet:
L'Ange, jetant des lys du haut de ses palais,
Baigne son aile dans tes vaisseaux, sang qui t'étoiles.
Le credo sur la montagne, 1934.
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