Un douar
Un douar
Un chien jaune, un gourbi, la montagne et le vent...
Le silence a rongé la terre jusqu'aux os;
Par rafales le soir ramène les troupeaux;
On se croirait au temps
Biblique, avec cet homme et son manteau
S'en revenant parmi les pierres
Etoile maigre au bord de l'horizon,
Il va, scandant sa marche au rythme de ses bêtes,
Et, serrant ses haillons
Sur son ventre,
faisant sauter de la lumière autour de lui,
Il entre,
Précédé du chien jaune et du vent qui halète.
La honte se referme et claque, d'un bruit sec:
Un salut pastoral, avec
Des mots grands comme Dieu;
La prière du soir tourne comme un phalène;
Un corps souple accroupi près du feu,
Une odeur de hhenné, de couscous et de laine,
Des nattes, des tamis, des babouches qui traînent,
Deux fronts contre la terre
Et, nu, dans la poussière,
Un tout petit enfant parmi des chiffons bleus...
Les Versets du Soleil, 1921.
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