Ayant franchi le cap
Ayant franchi le cap
Mon grand bonheur n'est pas d'avoir été aimée
Prodigieusement,
Mais de battre en retraite, ayant dans la ramée
Pris le ciel pour amant.
J'ai laissé sur la rive, à droite du mensonge,
Mes dieux les plus chéris,
Et du pollen aux doigts, laissant traîner ma longe,
J'apaise enfin mes cris.
La lumière, en rouvrant son vitrail sur ma vie,
A poussé les volets;
Ma plus profonde joie et ma plus noble envie
Sont ce que je voulais:
Accueillir le pardon comme une récompense,
De douleur en douleur,
Avoir su demeurer en face du silence
Nue ainsi qu'une fleur.
Quand la mort franchira l'appui de ma terrasse
En me lançant sa clé,
Soyez là, mes petits, les oiseaux de l'espace
Au vol immaculé.
Je me confie à vous, sachant que mon message`
Vous rejoindra là-haut.
Ah! que l'homme, en tendant les bras vers le rivage,
Entende mon credo.
Vous lui direz que j'ai eu faim, que j'étais belle,
Que j'ai donné mon sang
Pour que la vérité nettoyât ta poubelle
Dieu tout-puissant.
Le credo sur la montagne, 1934
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