Décembre et l'âne gris
Décembre et l'âne gris
Le tout-petit enfant reconnaîtra sa route.
On lui mettra, pour arriver là-haut,
Ses souliers d'aubépine, et son jouet qui broute,
Et de la sorte, mère, il aura chaud.
Lui nous racontera son histoire et non l'homme,
Celui qui faisait peur à Dieu, pas vrai?
Et madame l'étoile et tous, tant que nous sommes,
Diront: comme il fait clair, en vérité.
Ce sera le festin de l'ange et du poète,
Puisque je viens bercer nos jouets morts.
Décembre et l'âne gris ont incliné leur tête,
C'est bien le vent, petit. Ah! pleure encor.
Si l'on nous avait dit: voilà, c'est tout. On s'aime
Comme on joue à mourir, dis, le sais-tu?
Nous nous serions serrés dans la ronde, quand même,
On aurait eu moins mal, le jour venu.
Poussez la porte, il fait soleil autour du monde.
Comme ces murs battent, si vous saviez!
Rien... ce n'est que nous deux et le vent dans la ronde...
Mère, on joue à mourir à cloche-pied.
Le paradis reprend sa forme sans visage
Et le poète-Christ est à genoux.
Voici le toit qui semblait fuir comme un rivage,
Et le berceau-fantôme avec ses clous.
Seigneur, nous sommes deux. Nous demandons à boire,
Lui, le pâtre et moi l'ange, et si pareils,
Que vos yeux saigneront, ne pouvant plus nous croire,
Et reviendra la houle du sommeil.
Nous deviendrons ce bout d'étoile entre les feuilles,
L'herbe-étincelle et la fumée ou rien,
Les larmes du printemps que les oiseaux recueillent,
Ce sera tout, Maman, Dieu est si loin...
La croix de sable, 1927
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