Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Délivre-moi, clarté

Délivre-moi, clarté

 

D'où vient cette lueur? Délivre-moi, clarté.

J'ai besoin d'appuyer mon rêve à plus d'espace;

La force qui m'étreint avorte en plein été;

Fouette ce vagabond dont l'épaule dépasse,

 

Rends-lui le pain du soir qu'on mange dans le vent,

Tandis qu'autour de vous, sous les cieux qui ruminent,

Les nuages, avec leurs bras de revenant,

Poussent comme un troupeau les astres qui cheminent.

 

Je meurs de n'être plus celle des grands chemins,

D'être immobile et triste en face des secondes,

Quand le désert qui bouge a rouvert sous mes mains

Sa cavité solaire et ses murailles blondes.

 

Ah! briser les réseaux des vieux enchantements,

S'évader d'un amour et jeter dans sa cage

Cette lanière d'or qui fustigeait le temps,

Et recevoir ce ciel qui vous monte au visage.

 

Etre une bête heureuse et bondir sans répit

A travers la broussaille où la saison fermente;

Ne plus apercevoir ces murs qu'on recrépit

Mais d'où l'automne coule et que l'angoisse aimante.

 

Qu'avez-vous fait de moi, Seigneur, qu'avez-vous fait?

Me voici, crochetant la serrure des heures,

Pour que ce bleu qui tourne et qui m'enveloppait,

Filtre sous cette porte où l'espérance pleure.

 

La croix de sable, 1927.



13/12/2012
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