Depuis...
Depuis...
L'heure a sonné si triste en moi!
Chaque seconde
Est tout un monde
Carillonnant dans mon effroi.
Entends-tu ce tic-tac farouche?
Mon pauvre coeur
Bondit de peur,
Car l'ombre flotte sur ma couche.
Des choses dorment dans leur coin;
La nuit frissonne
Et l'heure sonne,
Brutale, ainsi qu'un coup de poing.
Combien de siècles, pauvre femme,
Pour arriver
A soulever
Le poids énorme de ton âme?
L'ennui frappe à coups redoublés
Sur notre vie
Où tout dévie
En tourbillons endiablés.
C'est lui qui va, creussant sa place
Dans nos cerveaux:
Profonds caveaux
Où tant de misère s'entasse.
L'heure agonise au balancier,
Ecoute-la:
Hop! me voilà!
Dit-elle, ainsi qu'un vieux roulier.
Déambulant dans la mansarde,
Accrochant tout,
Mettant debout
Un souvenir qui nous poignarde,
Elle va, se perdant au loin
Dans du silence,
Criant vengeance
Comme un implacable témoin!
Car nous avons fait la bêtise
De trop souffrir
Et de pourrir
Dans une éternelle sottise;
Nous avons bu, les yeux fermés,
Le vin des larmes
Et des alarmes,
Sans que nos coeurs en soient charmés;
Nous avons fauché nos tendresses,
Tué l'amour,
Ainsi qu'au jour
Lointain des faciles ivresses.
Tant pis pour nous s'il n'est plus temps
De pouvoir vivre
Sans que le livre
Marque un deuil à chaque printemps!
La chose n'est plus à refaire:
Pour mieux douter,
Sans hésiter
Nous avons fait le nécessaire.
Elégies (dans "Le jardin des dieux")
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