La gueuse
La gueuse
Claquant d'amour, s'est arrêtée
Devant l'échoppe
A l'enseigne édentée
Où la douleur et l'homme hument leur choppe.
La douleur siffle et l'homme attend.
Donne ta bouche,
Femelle, ombre du temps,
L'or des minuits roulera sur ta couche.
Ah! Qu'il fait bon se réchauffer
A ton haleine,
Enfant du vieux rûcher,
Feuille d'acanthe enveloppant ma peine.
Couchons ensemble, il fait dru.
Mets-toi en boule,
L'oubli fume, et j'ai cru
Reconnaître comme un tambour qui roule...
Notre Père qui êtes aux cieux,
Que la justice
Aborde et que nos yeux
Rayonnent. Il n'est pire supplice
Qui ne soit consolé tout bas,
Lorsque vos ailes
Et notre âme qui bat
Ont mis l'espoir, comme une épée, entre elles.
Grâce pour la gueuse et le fou,
Pour mon semblable;
Douleur, tends bien le cou
Pour qu'on t'aperçoive au bout de la table
Quand les cloches du paradis
Et la cigogne
Reviendront. Christ a dit:
Laissez venir à moi celui qui cogne
A mes volets, car mes volets,
Bleuis d'étoiles,
Ouvent sur des palais
Où l'ange et l'araignée ont fait leurs toiles.
En attendant, meurs sur la croix:
Fiel et éponge
Et les battants de bois
Sont prêts: Saigne, Dieu t'a tendu sa longe.
Lecredo sur la montagne, 1934
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