Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Lalla-Setti

Lalla-Setti

 

Je prendrai un agneau fraîchement égorgé

Et, le chargeant sur mes épaules, je suivrai

Le chemin qui conduit au sépulcre. Mes femmes

Auront des colliers d'ambre et des babouches noires;

Un éphèbe au corps souple et au peplum de flamme

Marchera devant moi, portant dans un ciboire

             Les sept parfums sacrés.

 

Chaque esclave tendra son corps comme un serpent;

Debout sur la montagne et les enveloppant,

Ayant déployé l'heure au-dessus de leur tête,

                    J'ordonnerai

De poser en silence au pied du marabout

                L'étroite cassolette

                Contenant mon offrande,

Et mon coeur chantera sans que nul ne l'entende,

                Nul, hormis le hibou,

 

La cigogne et le vent, et ce cercle de pierres

Qui furent ton berceau, Sainte Lalla-Setti.

Et toi-même, voyant venir dans la poussière

Celle des grands chemins, tenant comme un petit

               L'agneau pris à la terre,

                 Invoqueras Idris

               Et l'ombre des Fellah,

Pour que ma chair enfante un fils

Aussi beau que la mort et aussi grand qu'Allah.

 

Marabout de Lalla-Setti, Tlemcen.

 

Les Versets du Soleil, 1921



11/10/2012
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