Lalla-Setti
Lalla-Setti
Je prendrai un agneau fraîchement égorgé
Et, le chargeant sur mes épaules, je suivrai
Le chemin qui conduit au sépulcre. Mes femmes
Auront des colliers d'ambre et des babouches noires;
Un éphèbe au corps souple et au peplum de flamme
Marchera devant moi, portant dans un ciboire
Les sept parfums sacrés.
Chaque esclave tendra son corps comme un serpent;
Debout sur la montagne et les enveloppant,
Ayant déployé l'heure au-dessus de leur tête,
J'ordonnerai
De poser en silence au pied du marabout
L'étroite cassolette
Contenant mon offrande,
Et mon coeur chantera sans que nul ne l'entende,
Nul, hormis le hibou,
La cigogne et le vent, et ce cercle de pierres
Qui furent ton berceau, Sainte Lalla-Setti.
Et toi-même, voyant venir dans la poussière
Celle des grands chemins, tenant comme un petit
L'agneau pris à la terre,
Invoqueras Idris
Et l'ombre des Fellah,
Pour que ma chair enfante un fils
Aussi beau que la mort et aussi grand qu'Allah.
Marabout de Lalla-Setti, Tlemcen.
Les Versets du Soleil, 1921
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