Pour la même (Isabelle Eberhardt)
Pour la même
Comme toi j'ai franchi d'un bond ma destinée,
Rassasiant ma soif et mon désir d'amour
A ce même horizon. Et, fixant tour à tour,
Dans leur course effrénée,
Le silence et le sable, il m'a suffi d'un jour
Pour comprendre à jamais la splendeur du néant.
Mon coeur d'homme a battu plus haut que les ténèbres,
Le soir devint ma proie et l'oubli fut si grand
Que j'ai senti des pleurs secouer mes vertèbres.
Comme toi j'ai dompté mon âme et, cravachant
Mon rêve, j'ai conquis, de par ma volonté,
La force que voilà. Qu'importe le printemps?
Je resterai debout, face à l'éternité,
Avec la certitude exacte que la mort
Ne pourra pas m'atteindre, ayant depuis toujours,
Dressé vers l'infini, comme unelampe d'or,
Mon coeur de chaque jour.
Les Versets du Soleil, 1921.
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