Quel cygne ai-je frôlé?
Quel cygne ai-je frôlé?
Quel cygne ai-je frôlé? Quelle atmosphère bleue,
En propageant ses ondes sous mon front,
M'a fait apercevoir, à des milliards de lieues,
La clarté pacifique où nous entrons,
Quand la mort, comme un paon, laisse traîner sa queue?
J'ai plongé mon visage en travers des nuées,
Avec la certitude que les dieux
Brassaient le ciel, et que leur souffle et sa buée,
Célébrant les vendanges d'autres cieux,
Me lançaient leur lumière ainsi qu'une bouée.
Pour que l'oubli fût plus total; pour que mes ailes
Rejoignissent l'ange sur son radeau,
J'ai frappé du talon, lançant vers tes poutrelles,
Immensité, les fleurs de mon cerveau:
L'espace, en les buvant, était moins rose qu'elles.
Laissez-moi pénétrer dans la coque des astres,
Dieux qui draguez le ciel pour en tirer
Les richesses que de désastres en désastres,
L'homme accumule. Je veux voir flotter
Ma temps qui s'étoile autour de ton cadastre
Eternité. Je veux jouir jusqu'à l'extase
De ta lumière offerte, oubli: seul vol
Pouvant nous projeter, et sans la moindre emphase,
Là-haut, comme le cri du rossignol
Qui saigne de pleurer vers la nuit qui s'évase.
Le credo sur la montagne, 1934.
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