Un berger du Sud
Un berger du Sud
L'homme a poussé son troupeau vers le Sud. J'ai dit:
"Conduis-moi vers l'Oued, mon âme a soif." Alors,
Renversant à mes pieds des couffins de fruits morts,
Eloignant de ma lèvre une eau de paradis,
L'homme a fixé le sable et, d'une voix cassée,
Par sept fois pronnonçant les paroles bibliques,
A repris gravement sa marche cadencée.
Le silence, effleurant sas prunelles obliques,
Emporta ses syllabes
Je me retrouvai seule en face de la nuit.
Une odeur de broussaille et de gourbi arabe
Emplissait le soir rude. Oh! ce bruit
On ne sait d'où venu,
Respiration lente et chaude d'une bête,
Souffle de l'inconnu,
Coursier ferré de lune, ayant, comme un squelette,
Des larmes sur les os, coursier que nul n'arrête,
Echo de ce qui pleur et n'a jamais été,
Et dont les battements
Sourds et précipités
Ne sont qu'une réponse et qu'un hymne au néant...
Les Versets du Soleil, 1921.
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