Un café maure
Un café maure
Clef d'or qu'un dieu jeta dans les décombres
Et qui m'ouvrit le soir.
Revoici les coussins, la lampe, le miroir,
Et le divan frileux que le silence encombre.
Savoure avec lenteur le breuvage parfait.
Nos corps drapés de myrrhe ont la splendeur de l'ombre;
Le chant du muezzin, dont le bleu s'étouffait,
Monte comme un jet d'eau:
Laisse ouverte la porte et que sa voix chancelle
Comme un berceau.
Je suis celle
Qui pleure et qui renaît, car semblable au vaisseau
Que l'infini balance, ayant croisé mes ailes,
Je tangue vers l'oubli. Que ces murs qui m'étreignent
Devienent l'oasis, que ce breuvage noir
Sur le mensonge règne,
Puisque nous voilà seuls dans le soleil du soir.
Blidah.
Les Versets du Soleil, 1921
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